19.2.06

« Non, le but de la terre n'est pas l'homme, n'est pas la vie. Elle a vécu sans eux, elle vivra sans eux: ils ne sont qu'une étincelle lancée par sa vertigineuse révolution.

Embrassons-nous, serrons-nous, unissons nos coeurs, nous les humains! Tant que le permettra la température de cette terre, tant que nous n'aurons pas été exterminés par les tremblements de terre, les déluges, les avalanches et les comètes! Créons un cerveau et un coeur pour la terre. Créons, donnons le sens humain à l'inhumain combat! »

* * *

La floraison de l'amandier, le sel de la Méditerranée, la douceur de la nuit, de l'amour, la cruauté qui naît, moisissure, dans le coeur des gens. Tu as dit tout cela pour rapprocher les hommes, les inviter à regarder devant, à s'élancer en haut. À poser des questions.

Sur les trottoirs de ville Saint-Laurent, je te lisais en marchant dans la lueur grise du jour puis, le soir, sous l'éclat intermittent des lampadaires. Mon étui à guitare dans une main, mon livre ouvert dans l'autre.

Ton île odorante laissée derrière toi, tu as couru le monde pour comprendre, gardant sur la tête comme un bonnet la chaleur du soleil millénaire de là-bas. Il n'y a qu'à plonger dans tes mots pour connaître, nous aussi, cette chaleur, ainsi que celle de la fierté, de l'authenticité.

Bon anniversaire, Nikos Kazantzaki.