24.3.06

J'écris nu. Faut bien trouver l'inspiration quelque part. Dany Lafferière lui-même, apperemment, se défend pas mal dans cet état. En «costume d'Adam».

Il fait frais, un peu. Je ne jouis pas du bénéfice de vêtements pour dissimuler mon ventre ventripotent, cette masse graisseuse qui habite à l'avant de mon corps. Ma poitrine aussi est faite de deux masses quelque peu proéminentes; elle l'a toujours été depuis environ la 6e année, et n'a pas cessé depuis d'être une source de gêne, d'inconfort, d'incapacité à être torse nu et bien, normal, sans souci ou arrière-pensée.

Quelques fois, cependant, je ne m'en fais pas. L'une de ces fois, c'est lorsque nous nous sommes retrouvés, le premier été, sur Wreck Beach, à la toute pointe du territoire de Vancouver (c'est la célèbre plage «clothing optional» de l'endroit). D'abord, surprise. Ensuite, ben, faisons comme les Romains, quoi! Sur la plage, au demi-soleil, perdus dans un peuple nu, nous étions bien, en fin de compte. D'autres fois, si j'avais perdu un peu de poids, ça allait. Il suffit de trois à cinq livres, je dirais. Mais depuis, ma propension à faire honneur aux gâteaux, biscuits et pâtisseries qui se trouvent (ô miracle!) sur mon chemin m'a ramené au degré arrondi de l'existence. Ah, problèmes de l'opulence...

J'ai les mamelons froids. J'ai le corps qui sent le corps, j'aime bien. Ça fait vrai. J'aime aussi toutes les odeurs qu'on nous met dans les savons (j'adore les savons, et incidemment j'ai récemment découvert les meilleurs que je connaisse, ici: http://www.mountainskysoap.com), mais la bonne vieille odeur du corps me plaît. C'est franc. J'aime la franchise. J'ai un peu mal dans le dos, aussi. Je ne sais plus quoi faire, des massages, des huiles, des postures, ou quoi. Une séance de yoga par semaine, apparemment, n'y fait pas grand chose. Cette idée, aussi, de travailler assis toute la journée... Qui a bien pu inventer ça? Hugo écrivait debout, il paraît, dans la pièce haute de sa maison, dressé comme la flamme d'un phare. Poulin aussi le fait debout (toujours à ce qu'il paraît), mais c'est qu'il ne peut plus s'asseoir. C'est quand même triste. Quand au moins on ne peut plus boire parce qu'on a trop bu, bon, on a bu, mais s'être trop assis? Y a de l'injustice dans les abus.

Le mieux, c'est la perte du caleçon. Ah, ce qu'on est bien le sexe à l'air! Pourquoi faudrait-il aller se cacher dans un camp de nudistes pour profiter de ce bien-être? J'ai bien mon pantalon de pêcheur thaïlandais qui me permet un port s'approchant de cet état de grande nature, mais c'est parfois encore une couche de trop. Vraiment, je m'en veux d'avoir manqué, à Montréal, il y a quelques années, l'événement autour de ce photographe qui prend des images de populations entières nues, vautrées ici et là. Quel beau projet! Continuons: après avoir fait la journée de la lenteur au parc Lafontaine, j'encourage François Gourd à organiser celle de la nudité. Lui, il pourrait y parvenir. Et après la journée en jeans dans les bureaux chics, pourquoi pas celle à poil? Mais un patron, une fois nu, pourrait moins bien justifier d'empocher (où, au juste?) des dizaines de fois le salaire des autres tout nus qui l'entourent. La nudité, c'est trop égalitaire...

Et le yoga nu, ça doit être fantastique! Là, on demande plus d'acceptation de la part de ses collègues pratiquants, cependant. À faire si on dispose d'assez d'espace entre chacun des contortionnistes!

Bon, allez, je me la ferme pour aller sandwicher mon corps nu entre les draps. Nudistes de tous les pays, dévêtez-vous!