17.3.06


L’océan. La nuit. La forêt.

Trois grandes puissances devant lesquelles je me trouvais il y a quelques minutes à peine. Autant dire que je me sentais tout petit. Que j'avais peur, même, moi, insignifiant sur une plage de galets que j’avais trouvée splendide quelques heures plus tôt et qui maintenant était devenue un monde étrange et inconnu. Presque hostile. La mer envoyait ses vagues se fracasser à mes pieds, et à chacune de ces allées et venues qui semblaient comme la respiration de l’eau, des milliers de galets, sujets obéissants, étaient projetés vers la plage ou au contraire ramenés vers les profondeurs. Au-dessus, la nuit était lourde d’étoiles qui regardaient cet intrus venu s’asseoir quelques minutes sur le fantôme d’un arbre échoué en travers des galets. Je me retournais et une autre nuit, plus sombre encore, plus massive, me surveillait : la forêt.

J’étais partagé entre la tristesse de me sentir si étranger à ces forces primordiales et l’émerveillement d’en connaître une fois de plus la puissance, de les ressentir jusqu'à me voir humilié devant elles. L’océan, la nuit, la forêt, ont eu vite fait de chasser ce visiteur urbain déboussolé. Je suis revenu d’un bon pas vers la tente.

À présent, près du feu qui crépite, j’ai retrouvé Céline. Les enfants dorment à côté. Je ne suis plus seul. J’ai reconstruit, bien que de façon simplifiée, réduit à l'essentiel, mon petit monde protecteur...